Luce Basseterre n’est pas mon nom, juste un pseudo, choisi en hommage à mon grand-père. Il s’appelait Lucien, les gens l’appelaient le père Luc, et moi, Papi Lu. En bon méditerranéen, il cultivait l’art de la lenteur et répétait à la manière de Fernand Sardou, que la terre était trop basse.
Si je suis une personne libre et heureuse, c’est à ce charpentier de marine, requalifié nounou à temps partiel pour mon seul bénéfice, que je le dois en grande partie. Ouvrier, il n’entretenait pas moins une rare érudition, s’intéressant à tout, aux faits comme aux choses. Il se plaisait à démonter, à creuser, à comprendre les causes, les mécanismes. Pour lui impossible d’apprécier une œuvre sans connaître son concepteur et les circonstances dont elle procédait. Il était intarissable bien que se considérant ignare ou au mieux comme un amateur. Au nombre des sujets de prédilections de cet insatiable autodidacte, on comptait Jules Verne, Verdi, Chaplin, Jaurès, la Callas, Méliès ou encore Wagner. Avec lui, regarder un film, écouter un opéra ou aller à la pèche aux oursins, n’était jamais qu’un prélude. Le premier pas d’un voyage fabuleux qui débouchait sur mille et une explorations toutes plus extraordinaires. Avec lui j’ai appris que les hommes ne font rien sans raison, même si celle-ci nous est cachée ou inconnue. Il m’a appris à cultiver le doute, à me méfier des certitudes et à redouter ceux qui les assènent.
Née sous le soleil de Provence, c’est à Québec, dans la Belle Province que j’ai découvert la SF avec Star Trek et Astérix. Une série qui avait la particularité d’envisager un futur positif à défaut d’être utopique. À l’époque, l’homme marchait sur la lune, rien ne pouvait plus l’arrêter, Mars ne pouvait être que la prochaine étape… Dès lors, mon esprit s’envola vers les étoiles en un voyage sans retour.
Ce n’est que sur le tard que je me suis mise à l’écriture, mais comme une acharnée. D’abord en produisant un chapelet de fanfictions. Elles sont ce qu’elles sont, je n’en ai pas honte. Comme beaucoup de jeunes auteurs, je me suis lancée dans une trilogie. La pauvre, après plusieurs remaniements, tente de se faire oublier. Un roman est déjà un voyage au long court, alors trois… je me suis donc ménagé des pauses sous forme de nouvelles. Ce format réduit permet d’expérimenter, de s’aventurer sur des territoires moins familiers et, chose qui n’est pas désagréable, de se faire publier. En 2012, Un Appétit de Loup, texte coquin, paraissait dans le fanzine Piment & Muscade. Plusieurs nouvelles ont suivi depuis, une douzaine à ce jour, sur des supports et chez des éditeurs divers.
Membre du collectif Cocyclic et de l’organisation des Aventuriales, mes loisirs passent dans la promotion des littératures de l’imaginaire et de la SF. Je participe à de nombreuses manifestations, surtout pour le plaisir, mais parfois au niveau de l’organisation comme pour les Aventuriales de Ménétrol. En 2015, j’ai imaginé et dirigé le n° 3 de la Revue Gandahar, consacré aux 24 heures de la Nouvelle, un événement internet annuel créé par Jérôme Cigut et Tesha Garisaki. à la fin de cette même année, mon ami Laurent Pendarias m’invitai à participer à son projet de Visual Novel.
Mai 2016, mon premier roman, Les Enfants du Passé, sort aux Éditions Voy’el et en avril 2017, La Débusqueuse de Mondes est sortie chez Mü Editions, ces titres sont désormais disponibles chez Le Livre de Poche.
La transhumance galactique des Fenjicks est menacée. Traqués depuis des millénaires par les Chalecks, ces créatures cosmiques ne servent plus que de taxis vivants à travers l’espace.
Après des années de servitude, leur nombre s’amenuise et leur espèce est menacée d’extinction. Mais leur mystérieux chant silencieux traverse toujours la galaxie. Il porte en lui les notes d’un nouvel espoir : le soulèvement des cybersquales.
Le petit mot de mon éditeur : “À travers le destin d’extraterrestres que rien ne destinait à la lutte, Le Chant des Fenjicks nous offre un roman choral où chaque voix est la pièce d’un puzzle, et chaque protagoniste, le rouage invisible d’une révolution qui les dépasse toutes et tous.”
Paru en septembre 2020 :
Le Chant des Fenjicks, chez Mnémos
Car en fait, cette épopée se déroule bien avant les ennuis de ma débusqueuse de mondes. Plus de mille ans avant, elle raconte cette révolte des cybersquales à peine évoquée par Otton dans les premiers chapitres de la Débusqueuse.
Vous retrouverez aux côtés de mes trois vétérans, Koba, Alduin et bien sûr Samtol, de nouveaux planétaires qui sauront je l’espère, vous séduire
La transhumance galactique des Fenjicks est en péril. Traqués depuis des millénaires par les Chalecks, ces créatures cosmiques ne servent plus que de taxis vivants à travers l’espace.
Après des années de servitude, leur nombre s’amenuise et leur espèce est menacée d’extinction. Mais leur mystérieux chant silencieux traverse toujours la galaxie. Il porte en lui les notes d’un nouvel espoir : le soulèvement des cybersquales.
À travers le destin d’extraterrestres que rien ne destinait à la lutte, Le Chant des Fenjicks nous offre un roman choral où chaque voix est la pièce d’un puzzle, et chaque protagoniste, le rouage invisible d’une révolution qui les dépasse toutes et tous.
Il y a un peu plus de deux ans, trop heureuse de retrouver mes cybersquales et l’univers de ma débusqueuse, j’attaquai sereinement l’écriture de ce roman, encouragée par Davy, mon éditeur, et Laetitia du Livre de Poche… L’idée de départ était de faire coïncider la sortie de cette préquelle avec la sortie en poche de La Débusqueuse de Mondes, mais comme une histoire où tout se déroulerait sans accroc n’en serait pas une, de nombreux imprévus et retournements de situation ont sans cesse repoussé la première date tandis que la première seconde avancée… d’où cette très longue attente
Oui, mais orientée jeunesse, avec de nouveaux personnages, un nouveau squale… mais il est encore trop tôt pour en dire plus
L’action des Enfants du Passé se déroule dans un futur très lointain. L’Humanité a dû quitter la Terre et s’est disséminée à travers la galaxie grâce à des arches d’exode qui pour certaines ont trouvé des planètes d’accueil pas trop hostiles sur lesquelles des colonies ont pu prospérer.
En quittant la Terre, les Humains ont aussi découvert qu’ils n’étaient pas la seule forme de vie intelligente existante et ont dû apprendre à reconsidérer quelques unes de leur certitudes.
Vous l’aurez compris, si vous cherchez un roman épique de guerres interstellaires ou d’univers à sauver en 48 heures chrono, vous n’êtes pas à la bonne adresse.
Si en revanche, une vision du futur positive sans être utopique ne vous rebute pas, que vous êtes prêt à lever l’ancre pour enquêter sur ces étranges enfants surgis du passé, alors bienvenue à bord de l’Ombre, l’énorme navire musée de Djaël Scott Aldrin
Mon second roman, La Débusqueuse de Mondes, est d’abord sorti aux Éditions du Peuple de Mü, qui est très vite devenu Mü Éditions avant de subir une nouvelle mutation en intégrant les Éditions Mnémos sous le nom de Mu. On imagine mal à quel point la vie des petites maisons d’éditions peut être trépidante tant qu’on est pas pris dans ses tourbillons.
En avril 2019, Le Livre de Poche l’a ressorti au format… poche, lui accordant ainsi une seconde vie, avec les avantages d’une distribution beaucoup plus large.
Ici encore, l’action se déroule pour une grande part à bord d’un navire, mais celui-ci a la particularité d’être vivant, autonome et le coéquipier de sa “capitaine”. Capitaine qui n’est pas humaine, d’ailleurs les Humains sont plutôt rares dans ce coin de notre galaxie où ils sont plus réputés pour leur chair que pour leur esprit.
La capitaine D’Guéba et son vieux complice le cybersquale, Koba, sillonnent la galaxie à la recherche de planètes “viabilisables” à ensemencer. Ils font dans le sur mesure et travaillent le plus souvent à la commande pour un Consortium qui s’est spécialisé dans l’évacuation de planète en phase terminale. Alors qu’ils sont en train d’expertiser une petite planète morte au fort potentiel, ils recueillent un naufragé qui va quelque peu bouleverser leur petite entreprise…
Deux nouvelles disponibles à l’Agence de Voyage Littéraire 1115
en version numérique ou papier
Un choix terrible attend les derniers habitants de la ville de New York quasiment engloutie par les eaux.
Note : proposées dans le cadre de la campagne ulule “Sauvons les Editions Voy’el”, cette nouvelle est disponible dans la boutique Voy’el. Une anthologie papier sera prochainement publiée.
Il paraît que je ne m’occupe pas assez de ma promo, de la promo de mes bouquins…
C’est un reproche qu’on me fait de temps à autre, souvent quand je râle de les voir si peu mentionnés, je l’avoue. Il faudrait que je communique plus, que je parle de mon processus d’écriture ou d’inspiration, que je ponde des billets de blogs sur ce que j’aime, ce que je fais ou pense… mais franchement, vous trouvez le temps de les lire, vous, tous ces articles, en supposant que ça vous intéresse ?
Perso, je lis en diagonale ceux de quelques potes sans que ça change quoi que ce soit à mon envie de lire ou pas leurs bouquins ou alors très très rarement (vi, je le confesse, y a des gens que j’adore dans la vraie vie, mais dont les bouquins ne m’inspirent rien, les droits des lecteurices, tout ça, tout ça).
Et puis, bon, si c’était pour passer plus de temps à faire ma com qu’à écrire, j’aurai opté pour l’autoédition. Écrire un billet de blog ça me prend autant de temps qu’écrire un chapitre, je préfère bosser sur mes manuscrits. J’ai des éditeurices, la com, c’est leur job. Relayer leur com, je le fais et pas seulement celle qui concerne mes bouquins. Jusqu’à un certain point. Je ne vais pas relayer ad libitum la pub qui ne me concerne pas sans rien en retour.
C’est pas pour ça, que je n’ai rien sorti cette année, même si ce fut léger. Vous l’avez sans doute vu passer, parce que 1115 fait partie de ces ME qui se bougent au niveau de la com, de ces maisons avec qui il fait bon travailler, échanger, en bref une maison pour qui on a envie d’écrire…
Participer à l’écriture de ce cadavre exquis fut un bonheur doublé d’une franche rigolade et l’ouvrage a reçu un succès mérité sur les salons à commencer par son démarrage en trombes aux Aventuriales.
La Débusqueuse de Mondes, elle est ressortie chez Mnémos. Si si, je vous assure. Vous ne l’aviez pas vu ? J’avoue que moi non plus. Si Google et ses alertes ne m’avaient pas prévenu, je sais pas qui l’aurait fait. Jolie couv. Un peu tristounette à mon goût, toutefois.
By the way, j’ai aussi Le chant des fenjicks chez eux, si vous avez un cadeau à faire. Aux dernières nouvelles, il n’était pas en rupture de stock.
Ça c’est l’autre bonne surprise de l’année. Une double bonne surprise, cette participation à l’antho étant accompagnée d’une invitation aux Utopiales. C’était ma première fois, j’ai découvert une organisation aux petits oignons, une convivialité assez surprenante vu l’énorme machine qu’est ce festival et j’ai fait des rencontres géniales, raconté quelques bêtises en table ronde et même participé à une réunion secrète… (rien à voir avec la RED team, je vous rassure)
Pourquoi ce ras le bol, alors ?
Le covid a pas mal chamboulé nos vies. Perso, des changements sont intervenus dans la mienne au cours des derniers mois, certains positifs (une source de revenus plus fiable que des droits d’auteurices sur lesquels on ne peut jamais compter) et des moins fun, dont une intervention pour la cataracte qui a mal tourné et dont le résultat me pourrit la vie depuis 14 mois. Malgré tout je me suis donné à fond, faisant fi de mes difficultés pour lire, écrire et surtout corriger. J’ai écrit depuis cette intervention trois premiers jets de roman, plus une nouvelle. J’ai aussi reporté des corrections éditoriales (trois relectures sur le roman à paraître au mois de janvier). J’ai bossé comme une malade pour un résultat assez mitigé :
Tamia, le Dragon Virtuel, ne semble convaincre personne pour des raisons à chaque fois différentes
le second tome de la chose au fond du sac a été purement recalé par mon éditrice (on change complètement d’approche et la série de 5 devient un dytique ce qui n’est certainement pas plus mal dans la conjoncture actuelle).
Quant au troisième roman Miguel qui est aussi un jeunesse, mais un gros morceau, c’est un oui, mais… bref, y a du retravail à la clef, rien que de normal.
Reste que le sentiment au bout du compte, c’est d’avoir beaucoup donné pour pas grand-chose.
En début de semaine, j’ai appris que l’acuité visuelle de mon œil gauche n’était pas récupérable ou alors que très partiellement et sans garantie. Actuellement, ma correction me force à compenser en permanence ce qui m’épuise, j’en suis rendu à espérer qu’au moins ce décalage puisse être diminué. C’est dire mon état d’esprit.
On peut pas dire qu’elle avait super bien commencé, puisque le jour de l’An, on a commencé par se prendre le nez avec mon fils au restaurant. C’était pas la première fois, mais qu’il se casse ainsi, si. Les choses se sont arrangées par la suite, heureusement. D’ailleurs cette année fut riche en tensions, avec plusieurs personnes qui me sont chères. Mais si je ne suis pas rancunière et tourne vite la page, c’est pas pour ça que j’en suis moins affectée et qu’il n’en reste pas des cicatrices plus ou moins sensibles.
J’ai même perdu ma vieille carpette de chat, décédée quelques jours avant le premier confinement. (Non, il n’avait pas d’ailes membraneuses, mais portait un nom démoniaque). toutefois, et même si nos vieux amis ne sont jamais interchangeables, deux jeunes sauvageons se sont installés chez moi dès la fin de l’été.
Après, même sur le côté affectif, il y a quand même eu de chouettes moments, comme de très brèves vacances chez mon père dans le midi et le traditionnel séjour des enfants à la maison en été.
Il y a eu aussi, et ça, c’est une nouveauté, cette petite semaine d’écriture qu’on s’est organisé au mois d’août avec quelques copains pour compenser l’absence de salon. Une petite bulle hors du temps, hors du vrai monde où on en bave qui m’a fait le plus grand bien.
Ça c’était pour le côté personnel.
Côté Aventuriales
Il a fallu faire avec le Covid, je vous laisse aller jeter un coup d’œil à l’article que j’ai consacré au salon, puisque pour une fois, j’ai pondu un.
Côté écriture
Ce ne fut guère plus brillant que le reste de l’année avec le sentiment de n’avoir rien fichue, alors que je n’ai jamais travaillé avec autant de régularité :
Le Chant des Fenjicks
Dernières vagues de corrections + corrections éditoriales. Le bébé étant costaud, ça m’a bouffé quand même un peu de temps, mais je suis contente du résultat. Sorti pour les Aventuriales, il a fait un excellent salon, qui aura malheureusement été le seul, puisque les suivants, ont tous été annulés. Quand on a bossé deux ans sur un roman, ça fait mal de ne pas pouvoir mieux le défendre en salon.
Jusqu’ici, je n’ai fait quasi aucun retour personnel du salon.
Pourquoi ?
Simplement parce que je passe généralement une bonne semaine à fignoler le résumé en image que vous pouvez trouver sur le site Aventuriales.fr *.
Alors pourquoi cette fois-ci ?
Parce que cette édition restera indéniablement dans les mémoires comme le salon qui a bravé 2020. C’est terminé et j’ai encore du mal à réaliser, tant le salon a été ma quasi unique préoccupation des deux derniers mois. Pourtant ce ne sont pas les autres sources qui se sont taries, celleux qui me suivent sur FB, le savent : chatons sauvages dans mon jardin, problème de voiture et de garagistes pas toujours très honnêtes, inondations en tout genre, fissures dues à la sécheresse**. On va s’arrêter là pour l’inventaire, mais autant dire que mes projets personnels et littéraires n’ont que très peu avancé durant cette période stressante.
D’abord et avant tout, les Aventuriales, c’est une équipe de potes, de passionnæs (de doux dingues, même) qui souhaitent soutenir les littératures de l’imaginaire*** et toutes les créations qui s’en inspirent. Donc, même si ce billet se veut personnel, il n’a pas vocation à gommer cet aspect qui fait la force de notre festival. Bien au contraire, si notre équipe n’était pas aussi soudée et aussi barge****, j’aurais depuis longtemps jeté l’éponge.
Organiser un salon, c’est du boulot.
Organiser un salon en 2020, c’est juste de la folie furieuse.
On ne peut que comprendre que certaines orga aient préféré renoncer avant de ne plus avoir le choix. L’actualité leur donnant raison. Et pourtant, doit-on baisser les bras ? Si nous avons pu le faire, j’entends par là, si nous avons pu mettre en place les mesures sanitaires et les faire respecter, pourquoi n’en serait-al pas de même ailleurs ? Pourquoi nous traiter en irresponsables ? Certes, leur existence est non-nulle, mais contrairement à ce qu’on nous rabâche, iels ne sont pas majoritaires.
Aujourd’hui, j’espère de tout mon cœur que le succès des Aventuriales permettra à d’autres salons d’obtenir leurs autorisations. Je pense tout particulièrement à Grésimaginaire, Imagina’Livres et ImaJn’ère dont les dates commencent à se rapprocher alors qu’on parle de fermer les gymnases et d’interdire toutes déambulations (oh misère !)
Revenons au sujet de ce billet
La préparation de cette édition, et surtout les derniers soubresauts de l’actualité avec les contraintes et incertitudes qui en ont découlé, m’ont vidé, épuisé. J’ai donc attaqué le salon dans un état proche de l’amibe sous prozac. D’autant plus que l’installation ne s’est pas déroulée au mieux : barnums manquants, voire morceaux de barnum (vi y a des gens qui volent des murs de toiles, vous le saviez, vous ?) une météo qui s’est efforcée de nous tromper et de nous faire mentir, plus les improvisations de dernières minutes, parce que choses qui fonctionnent bien sur le papier, n’ont pas toujours l’amabilité d’en faire autant sur le terrain.
En ces temps de covid et de frustration due à l’annulation de tous les salons de printemps, le moral en a pris un sacré coup. Le mien, bien sûr, mais pas que… Du coup, côté écriture, une fois le projet en cours bouclé, je me suis mise à ranger la cave, la buanderie, refaire des masques, jardiner quasi jour et nuit… bref, tout pour pas écrire. Et puis je suis tombée sur un article de blog, celui de la Louve Errante, où Ophélie raconte une vraie fausse résidence d’écriture entre copines et je me suis dit : why not ?
J’ai une maison, pas bien grande, mais avec deux chambres libres, dans laquelle y a deux lits, je peux sans problème recevoir 4 personnes, il m’est arrivé de monter à 6 pour les Aventuriales… (je le fais plus, parce que ça implique camping dans le salon). Je dispose d’un grand salon-salle à manger, d’une serre froide que je transforme en coin cosy dès qu’elle se vide au profit du jardin et d’une chouette terrasse. Oki, c’est en ville, mais dans un quartier périphérique et assez calme. Ça se tente, non ?
Je n’ai eu aucun mal à trouver 4 copains que l’idée a séduits. Ils étaient en fait bien plus nombreux, mais quand il s’est agi de se mettre d’accord sur des dates, c’est devenu plus compliqué et on est retombés à 4. Parfois, les choses s’arrangent pour le mieux. Ce fut le cas tout du long.
Durant les semaines suivantes, impossible de me débloquer avec trois projets en file d’attente, un quatrième en attente de signature, plus une nouvelle soit à corriger soit à réécrire. Bref, le mode panique commençait à se profiler. La pression ne me réussit pas, j’aime avoir le temps de bosser un texte en profondeur. Cette retraite qui pour moi, n’en serait finalement pas trop une était-elle une bonne idée ? J’avoue que je commençai à me poser la question quand mon premier invité a débarqué à la maison avec trois jours d’avance sur les autres. Déjà nos discussions m’ont aidé à faire le tri dans mes priorités et comme je m’attendais à ne pas être très performante, je me suis donné comme objectif pour ces 5 jours de fausse retraite de corriger la nouvelle rien de plus. Après tout, en étant chez moi, j’aurai plein de taff à côté à commencer par gérer la portée de chatons qui s’est installée chez moi en juin et bien sur le jardin. Pour le reste, il était prévu de tout partager et ça a super bien fonctionné.
Au final, on a beaucoup discuté écriture, littérature, sucettes et genres (comprendra qui peut), on a fait des grandes balades, on s’est empiffré de glaces et de tomates, mais surtout on a beaucoup bossé. Même s’il a fallu trois jours à mon héroïne pour ouvrir une boîte de crème de marrons, elle a fini par l’ouvrir !!!
Le dernier jour, on a même « sauvé » les Aventuriales ! Ou du moins, les copains m’ont convaincu de ne pas jeter l’éponge pas avant d’avoir étudié toutes les solutions possibles – au bout d’un moment ça devient usant d’envisager le pire et l’annulation d’un concert la veille du jour J, nous a fichu un sacré coup et notre trésorière a flippé grave et je ne pouvais pas lui donner tort – et au final, des solutions, on en a trouvées. Oki, ça a impliqué un sacré coup de collier dont : révision du plan de salle – ce que je m’étais promis de ne pas faire –, réorganisation de la circulation sur tout le site afin que ça soit cohérent, implantations des barnums, de la scène, des espaces assis pour le public…
Bref, une vraie-fausse retraite très positive qui m’a complètement remise sur les rails. Mon planning pour les prochains mois est déjà bien entamé, avec un syno de torché, un autre presque terminé (j’espère arriver à le boucler avant la fin du mois, mais les Aventuriales restent ma priorité ce mois-ci et le prochain). J’en ai trois à boucler pour déposer une demande de bourse, après quoi, je pourrai attaquer une réécriture qui me tient à cœur et qui fera peut-être bien l’objet d’un nouveau billet de blog.
Ceci n’est pas vraiment une chronique, c’est beaucoup trop personnel, intime, pourtant j’avais envie de le partager depuis déjà quelques semaines.
La représentation dans la littérature est un sujet qui m’interpelle. Surtout depuis peu, je dois l’avouer. Dans Anything goes, John Barrowman, dit grosso modo de mémoire, que le Capitaine Jack Harkness est le genre de personnage auquel il aurait aimé pouvoir s’identifier lorsqu’il était enfant. Il suffit de prendre le temps de fouiller sa mémoire trente secondes pour réaliser à quel point il y a bien peu de personnages gay positifs, tant en littérature qu’au cinéma. Surtout, si on remonte 20 ans en arrière, mais même aujourd’hui ça reste vrai. A fortiori, si on veut rester dans du grand public. Josh Whedon a bien osé avec le couple Willow/Tara… Willow étant sans doute ma préférée parmi les personnages féminins de cette série, mais ce type de personnages restent minoritaires, anecdotiques.
Si je reviens sur cette phrase de JB, c’est sans doute qu’elle a touché quelque chose de très intime au fond de mon inconscient et a réveillé un processus de réflexion. Jusque-là, j’avais tendance à me moquer de ces histoires de représentation : enfant je lisais, les Trois Mousquetaires, Rocambole ou Robin des Bois Prince des voleurs, je regardais Zorro ou Thierry la Fronde et m’identifiais à eux. Je trouvais ça normal. Comme je trouvais normal d’être traité de garçon manqué… d’ailleurs, dans le club de 5, c’est à Claude que je m’identifiais.
Bref, rien de traumatisant. Pourtant, des questions sont longtemps restées sans réponses, le genre de questions qu’on ne pose à personne tant elles vous semblent saugrenues. Ainsi peut-on être à la fois homme et femme dans sa tête ? Nous le sommes tous plus ou moins me direz-vous avec plus ou moins de réticences… Peut-être, je l’ai cru longtemps, très longtemps. Mais alors pourquoi ai-je depuis l’adolescence éprouvé une énorme tendresse pour le personnage de Zaza ? Caricatural, ridicule aux yeux du plus grand nombre, je continue de trouver la détresse de Zaza incommensurablement touchante. Alors lorsque John Barrowman a repris ce rôle l’espace d’une demi-saison, j’ai pris un billet pour aller le voir à Londres. J’éprouvai le besoin de voir ce que lui ferait de ce personnage, sans trop savoir pourquoi cela m’importait autant.
Quel rapport avec Éclat de Givre ?
Très honnêtement, j’adore Estelle Faye, son enthousiasme, sa générosité, c’est une belle personne. J’ai acheté ses deux premiers romans, je les ai lu et aimé mais sans éprouver cette étincelle qu’on espère toujours, à chaque nouvelle lecture… Éclat de givre, je l’avais vu passer et la couverture ne m’avait pas du tout parlé et étant l’heureuse propriétaire d’une pile à lire vertigineuse, j’avais fait l’impasse et pas même lu le quatrième de couverture. Si j’avais su ! C’est à Angers, alors que je lui dédicaçais Les Enfants du Passé qu’Estelle m’a pitché ce roman avec des étoiles plein les yeux. Punaise, il me le fallait ! À l’écouter, je savais déjà qu’il me le fallait et en même temps, j’éprouvais de l’appréhension à l’ouvrir, à le lire. Jamais, je ne lis sur un salon. En principe du moins !
Pourquoi ?
Parce que quelque part, Chet est le fils spirituel de Jack Harkness et de Zaza. Parce que la nuit, il chante du jazz travesti en femme, qu’il collectionne les aventures masculines tout en étant secrètement amoureux de son amie d’enfance. Et pour couronner le tout parce que c’est aussi une putain d’histoire avec de l’action, du suspens et de l’émotion ! Et même avec toutes ses fêlures, Chet est un personnage lumineux, un personnage positif.
Quel rapport avec toi, t’es une femme, non ?
Pour l’état civil sans doute, pourtant dans ma tête c’est beaucoup moins clair et quelque part, je me sens sans doute plus proche d’un travesti que de la majorité des femmes que je côtoie, peut-être parce que je me sens plus homme que femme tout en aimant les hommes. Bref, j’appartiens à une communauté d’invisibles, à ce + qu’on rajoute à LGBT quand on y pense.
Voilà ce qu’on appelle un beau dérapage ou comment une chronique vire au coming out
Pour en revenir à Éclat de Givre, une fois qu’on l’a lu, la couverture se justifie complétement, c’est du post apo, un excellent post apo. L’action se déroule dans un Paris à la foi poétique et effrayant. Et de l’action, cette histoire n’en manque pas, ses talons aiguilles ne font de Chet ni un cul-de-jatte ni un manchot : il cavale, il castagne et se prend aussi pas mal de gnons au passage : bref, rien que du bonheur !